Petit écart par Valdivia, grande ville, la plus éloignée de la Ruta 5, malgré ça, cela reste quand même facile d'y accéder. Brayans, pas très chilien comme nom, pourtant c'est un vrai de vrai, avocat  (encore un) m'y attend. Valdivia, grande colonisation allemande, on pourrait presque penser être à nouveau de l'autre côté de l'Atlantique, des grands blonds apparaissent à chaque coin de rue, il y a soudain un fort accent, les voix résonnent, l'ambiance change, on sent comme une proximité européenne. À travers la ville on ne compte pas les brasseries, il y en a tant et plus, les papilles s'agitent en pensant à une bonne bière autre que l'Escudo, Royal ou Cristal et Austral qui font mal... Ca sent la bière de Londres à Berlin en passant par Valdivia. Et sans préparation aucune, on peut croire avoir abusé du produit, ou s'être noyé dans les effluves, lorsqu'en sortant dans la rue on aperçoit au loin, papa lion de mer se prélasser dans la rue, non loin du fleuve. Énormes gentilles bébêtes, très demandeuses de compagnie. Ils font partie du décors et semblent bien s'accommoder de cette vie citadine. 
Et si ce n'est pas celle de la bière, c'est l'odeur de la poiscaille qui vient se faufiler dans les narines. Chaque jour de la semaine, et durant toute la journée, femmes de pêcheurs sacrifient de leur voix pour crier la fraîcheur de ce que leur mari ont attrapé. 
La reine ici c'est la Reineta, on la trouve exclusivement au Chili, et rien à dire, à la parrilla, au four, au court bouillon... tout lui va!

En route pour Puerto Varas. C'est un espagnol qui s'arrêtera le premier. Je crois que mon oreille s'est belle et bien accoutumée à ce qui semble s'appeler le Chileno, parce qu'en effet je dois saisir 20% de ce qu'il baragouine. Tout juste le temps de remettre mon sac sur le dos, José s'arrête. Il est super chouette José, descendant Mapuche, il vient de Chiloé, et il aime parler de l'histoire. Un petit café? Il me semble que nous nous connaissons depuis longtemps, "voilà mon numéro, tu sais que tu as ici, au Chili, un ami sur qui compter". J'aime à citer ces personnes, dans quelques temps, en me relisant, je les reverrai. 
Une comparaison est souvent faite entre Pucòn et Puerto Varas, petite ville en bord de lac, un volcan en ligne de fond, de la nature, des trekkings, du ski... Cependant, je n'ai pas eu de peine à partir de Pucòn,  touristique, selon moi superficielle, comme j'en ai eu pour quitter Puerto Varas. Il y fait bon vivre, à Puerto Varas. C'est vivant, les gens sont accueillants. Vicho, a fait parti des bonnes ondes, je devais y rester une nuit, j'en ai passé trois; à découvrir son univers, ses amis, sa passion pour les aquariums! 
Sans aucun doûte ce qui m'a le plus émerveillée c'est le volcan Osorno, on dirait une peinture, cônique, parfait. Durant deux jours il m'a fait grise mine, je guettais chaque moment de la journée pour l'apercevoir...mais rien. Je ne pouvais qu'imaginer. Ce n'est qu'au dernier soir, au détour d'un virage qu'il a levé sa pudeur, juste en face de moi, je n'en demandais pas tant. 
Le Calbuco lui aussi s'est dénudé, plus rabougri, biscornu, mais tout aussi impressionnant, il a craché trois fois en Avril 2015, et il a pas fait semblant.

Puerto Montt, on y va pour prendre un bus pour la Patagonie ou un bateau pour Chiloé. Moi j'y ai trouvé plus qu'une ville de transit. Ville portuaire, où tout semble bien vieilli, jamais retouché, ruelles décolorées, maisonnettes en bois que le temps a travaillé, les portes grinces, les étandages sont pleins; elle est authentique. Je retiendrai ici, la rencontre avec Javier, chilien, musicien autodidacte, il parcourt l'Amérique latine avec son accordéon. Sur le port, il me partage un peu sa vie de bohème, sous ses doigts renaissent Piaf, Brel, Aznavour, Tiersen, et me chante même du Cabrel... Le voilà qui rajoute un xylophone et une tambourin, résonnent alors des sons brésiliens, un voyage dans le voyage! C'est beau la vie. On ne se connait pas, mais on rigole pour des conneries en fumant des roulés. C'est beau la vie.