La Paz, je n'arrive pas à savoir si cette ville porte bien son nom, quand je vois le chantier qu'il s'y passe dedans. Comment l'homme a pu construire autant de maison sur les flancs de la Cordilliere, jusqu'à 4000 mètres d'altitude. On dirait une fourmilière crapahutant dans les sillons de la montagne. Les yeux écarquillés du haut du téléphérique, je me raconte des histoires en observant cette ville.
Dans les ruelles remplies de tout ce qui peut se vendre, ce sont les indigènes, le bas peuple, ceux qui marchandent toute la journée. À La Paz, chose surprenante, les pauvres gens sont en haut, dans le Barrio Alto, avec une vue imprenable sur l'altiplano. Mais pas sûre que ça panse beaucoup de maux.
Les indigènes ici, se sont les Aymaras. Les femmes en costume traditionnel on les appellent les chopitas. J'aime cette assurance qu'elles ont dans leur regard. Leurs jupes plissees colorées, brillantes, la taille large, la démarche claudiquante. Des grands châles brodés, deux longues nattes reliées entre elles par une ficelle de couleur, et des pompons ou des froufrous se balançant sur leur dos carrés. Souvent, un drap de couleurs vives noué autour des épaules, en guise de sac à dos. À  l'intérieur de la nourriture, des objets, ou un enfant. Du bébé que l'on devine à peine dedans, au minot qui semble peser lourd sur le dos. Parfois, elle semble deja trop vieilles pour porter un enfant. Difficile de donner un âge. Et puis, on dirait des magiciennes avec leur couvre-chef, ce chapeau melon emmené par les conquistadors, qui effleurent à peine les cheveux mais ne tombent jamais. 
Avec un peu moins d'en bon point, je les imaginerai bien danser au bras de Charlie Chaplin. 
Reste que le contact est froid, je n'arrive pas à savoir qui de nous est le plus étranger. Faut dire qu'il y a des décennies d'histoire qui viennent nous séparer.