Un objet n'est pas précieux mais une rencontre inoubliable. 

Le car vers après m'a déposé ce matin à La Serena, avant que le soleil se lève.  
Et quand j'ai mis une image où j'avais posé les pieds, je me suis dit que normalement il faudrait voyager des jours entiers pour avoir un tel changement de décors. Aride. Ici les vignes contrastent sur cette terre qu'on dirait infertile. 

Valle de Elqui. Zone où il y aurait le plus de magnétisme au monde. Certainement, en tout cas, c'est de toute beauté. 
11h. Dans un bus, un vieux monsieur tout tremblant, le poids de sa vie sur le dos, dont chaque pas semble le fatiguer un peu plus, le regard si clair de celui qui a tant regardé , échappe ses deux cannes avant de s'asseoir à côté de moi. Nous finissons par échanger deux mots, juste le temps de m'expliquer que son épouse est québécoise et que ça lui manque de parler un peu français. Sa voix tremblait tout autant que ses cannes : ma maison est par là, ce soir arrête toi boire un café. 
Quand j'ai passé la porte, c'est moi qui me suis mise à trembler. Ils ont fait le café ensemble, la moitié de l'eau tombait à côté, m'ont ouvert la porte des toilettes "adelante niña" alors que je n'avais rien demandé... (et bien du coup j'y suis allée). La lenteur des gestes me laissait entrevoir tout l'amour qu'ils émanaient. J'en revenais pas. Ils semblaient si fragiles, mais ils étaient deux. Incroyablement beaux. Et quand on s'est assis autour de la table et qu'ils ont commencé à me raconter tous leurs voyages, un sac sur le dos, à arpenter les routes du monde, je suis restée béat. Et puis j'ai compris, pourquoi je voyageais. On a parlé de ce plaisir de bourlinguer, sans Routard ou Petit Futé, juste avec le guide des rencontres. Ils m'ont raconté,  le Chili, leur amour, leur passé. Moi, je me suis sentie pleine d'espoir.
On aurait aimé se revoir, on avait l'impression de se connaître depuis longtemps. Ce ne sera pas possible, et je n'ai pas pu m'empêcher de penser que je ne les reverrai certainement jamais.
Ils m'ont étreint si fort avant de se laisser. Je sens encore leurs mains serrées. 
Lorsque j'en suis repartie, je me suis retrouvée face au ciel d'un orange éclatant, au dessus de ces espèces de grosses montagnes de sable surplombées de cactus, ça m'a fait pleurer...de bonheur ou de chaleur... les deux je crois.